Epreuve

 

Prière du Notre Père

Ne nous induis pas en tentation
mais délivre-nous du mal

Nous vivons dans un monde déchu qui nous bombarde continuellement avec la réalité du péché et de ses conséquences. Nous le voyons premièrement dans le monde naturel. Les volcans, tremblements de terre, feux, déluges, fléaux et accidents augmentent à un rythme alarmant, menaçant la survie de l’humanité.

Le monde intellectuel en particulier attaque notre foi. L’homme cherche constamment la vérité, mais est incapable de la trouver. Ses jugements sont partiaux et injustes. La logique est régie par l’orgueil, l’intellect par la convoitise et le gain matériel fait des hommes des menteurs. Les opinions humaines sont en conflit continuel entre elles, formant une forteresse d’idéologie qui s’élève contre la vérité et Dieu.

La douleur et l’anxiété caractérisent le monde émotionnel de l’homme. Son incapacité à contrôler des attitudes destructrices dévaste son esprit, et son âme est malmenée par ses conflits avec les autres. L’envie le pique, la haine le rend amer, et la cupidité le gruge comme un cancer. Ses affections sont mal placées, son amour est piétiné, et sa confiance est trahie. Les gens riches écrasent les pauvres, et les pauvres cherchent à détrôner les riches. Les prisons, hôpitaux et asiles psychiatriques soulignent les problèmes émotionnels de l’homme.

Mais sans aucun doute, la partie la plus noire du monde humain est sa vie spirituelle. Il n’est pas en harmonie avec Dieu, désynchronisé avec le plan de Dieu. Il ne semble pas y avoir pour le croyant sincère un moyen d’y échapper. Où que nous nous tournions, nous sommes confrontés à la culture envahissante de ce monde déchu. Pour finir le plat, Satan attaque sans cesse notre foi. Ayant tout cela en pensée, nous devons prier: «Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal» Mt.6:13. Nous demandons ainsi à Dieu de nous garder hors du trouble.

Peirasmos (épreuve) est un mot neutre en grec, qui n’a pas nécessairement le sens mauvais de tentation en français. Jacques emploie ce mot dans Ja.1:2-3 (tenté) et 1:13 (épreuve).

La sainteté et la bonté de Dieu ne permettront pas qu’il induise quelqu’un, et certainement pas un de ses enfants, à un endroit ou une expérience dans laquelle il serait à dessein induit à commettre le péché. Jacques affirme: Ja.1:13 Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise: «C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne.» Cependant, Jacques avait écrit auparavant : Ja.1:2 Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, 3 sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience.

Comme Jacques l’écrit, Dieu ne tente pas. Alors, pourquoi lui demander de ne pas faire ce qu’il ne fera jamais de toute façon ? Autre chose, Jacques nous dit que nous devrions nous réjouir quand les épreuves viennent et ne pas chercher à les éviter. Alors pourquoi devrions-nous prier : «Ne nous induis pas en tentation»?

La solution paradoxale

J’affirme avec Chrysostome (Homélie 19:10), un père de l’Église du IVe siècle, que la solution à cette question est que Jésus ne traite pas de logique ou de théologie, mais de la tendance naturelle de la faiblesse humaine face au danger. Nous désirons tous éviter le danger et le trouble causés par le péché. Cette pétition est par conséquent l’expression de l’âme rachetée qui méprise et craint le péché au point qu’elle veut échapper à toutes les possibilités de tomber dans le péché, choisissant d’éviter la tentation plutôt que de la surmonter.

Voici un autre paradoxe des Écritures. Nous savons que les épreuves sont un moyen de grandir spirituellement, moralement et émotionnellement. Le caractère du chrétien est affermi par les épreuves. Cependant, nous n’avons aucun désir d’être dans une position où l’épreuve pourrait conduire au péché. Alors que nous résistons aux épreuves, nous réalisons qu’elles nous fortifient parce qu’elles exercent nos muscles spirituels.

Même Jésus était horrifié à la pensée de prendre sur lui le péché du monde, cf. Mt.26:39. Nos propres réactions aux temps de l’épreuve sont similaires à celles du Christ, mais pour nous c’est premièrement une question de ne pas se faire confiance. Quand nous regardons honnêtement la puissance du péché et notre propre faiblesse qui tend à pécher si facilement, nous frissonnons face au danger de la tentation ou même de l’épreuve. C’est là que Jacques voulait en venir quand il a écrit: Ja.1:14 Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. 15 Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort.

Cette pétition de Mt.6:13 est donc un autre plaidoyer devant Dieu pour qu’il nous octroie ce que nous n’avons pas en nous-mêmes. C’est un appel à Dieu de placer une garde devant nos yeux, oreilles, bouches, pieds et mains – afin que dans tout ce que nous voyons, entendons ou disons, où que nous allions et fassions, il nous protégera du péché.

Toutes les luttes et épreuves que nous pouvons expérimenter sont permises par Dieu pour nous tester, pour exercer nos muscles spirituels et nous aider à grandir en maturité, cf. 1Pi.5:10 Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle, après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables.

Mais si vous ne remettez pas cette situation à Dieu et ne vous tenez pas dans sa force, Satan changera cette situation en tentation. Il va stimuler vos convoitises et pourrait vous attirer dans le péché.

Mt.6:13 semble impliquer : «Seigneur, ne nous fait jamais passer par une épreuve qui comportera une tentation telle que nous ne serions pas capables d’y résister. Plutôt, délivre-nous de toute épreuve qui amènerait du mal sur nous comme conséquence naturelle. Ne nous fais pas passer par quelque chose que nous ne pouvons pas surmonter.» Ceci est basé sur la promesse dans 1Co.10:13 Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d’en sortir, afin que vous puissiez la supporter.

Si Dieu ne nous tente pas au péché, il va faire arriver des choses dans nos vies qui deviendront des tests pour nous. Quand vous passez devant une certaine revue, un livre ou un cinéma, ou encore une émission de télévision, ces choses peuvent être un test révélant votre force spirituelle. Si vous faillissez, cela se changera en tentation qui stimulera votre convoitise et vous attirera dans le péché.

Si vous perdez votre emploi, cela peut être un test. Comment allez-vous composer avec la situation ? Allez-vous le prendre joyeusement en vous remettant au Seigneur, si oui, vous passez le test. Mais si Satan vous tente pour que vous vous plaigniez et fassiez tout pour ruiner la réputation de votre patron, alors vous avez échoué au test.

La pétition de Mt.6:13 est une protection contre la présomption et un faux sentiment de sécurité et d’autosuffisance. Nous savons que ne sommes jamais arrivés spirituellement, et que nous ne serons jamais libres du danger de pécher, jusqu’à ce que nous soyons réunis avec le Seigneur. Nous voulons à tout prix être préservés du mal, comme notre Seigneur a prié dans Jn.17:5.

Quand nous prions sincèrement «Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du mal», nous déclarons notre soumission à sa Parole, qui est notre protection contre le péché. Jacques 4:7 nous donne un commandement simple : «Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable, et il fuira loin de vous.» Se soumettre à Dieu, c’est se soumettre à sa Parole : « Je serre ta parole dans mon coeur, afin de ne pas pécher contre toi.» Ps.119:11. Alors, le croyant prie d’être gardé d’une sollicitation au péché trop forte pour lui, et s’il y succombe, d’en être délivré.

Dans ce monde maudit où nous sommes continuellement malmenés par l’iniquité tout autour de nous, nous confessons que nous sommes inadéquats pour composer avec une telle méchanceté. Nous confessons la faiblesse de notre chair et l’impotence absolue des ressources humaines pour combattre le péché et nous délivrer de ses attrapes. Par-dessus tout, nous confessons notre besoin de protection et de délivrance par notre bien-aimé Père céleste.

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